LA TECHNIQUE PRATIQUE DU MICROPHONE
La technique monophonique : La prise de son stéréophonique connaît une diffusion de plus en plus croissante. Mais, nous ne devons pas délaisser la monophonie, même si, en principe, lenregistrement stéréophonique est plus simple. Prenons le cas de lenregistrement mono dune voix à courte distance du microphone.
Distance voix/microphone A une courte distance voix/microphone, nous nous trouvons très à lintérieur du rayon du son direct. Le microphone ne capte pratiquement que le son direct de la voix. Le résultat en est un enregistrement à timbre sec et bien défini, on pourrait presque dire neutre. En augmentant progressivement la distance voix/micro, le volume maximum du microphone se règle le proportionnellement et le rapport entre le son direct et le son réfléchi, jusquà la limite du rayon du son direct, change continuellement. Au-delà de cette limite, le son réfléchi prédomine et lintelligibilité se trouve déjà perceptiblement perturbée. Dautre part, en approchant la limite du rayon du son direct, la voix gagne en vivacité naturelle, la composante acoustique de lespace atténuant le caractère «stérile» ou «neutre» de limpression auditive. La question se pose ainsi de savoir comment nous devons enregistrer dans un local déterminé, en tenant compte de ce rayon dont limportance est évidente. Dabord, il faut signaler que le microphone capteur peut également exercer une influence sur le rayon du son direct. En effet, le seul microphone nayant aucune influence sur ce rayon est celui à directivité omnidirectionnelle. En fonction de cette directivité, le microphone omnidirectionnel capte, indépendamment de la direction de son pavillon, toujours le son direct et le son réfléchi suivant le rapport existant à lendroit précis de son emplacement. Ce nest pas le cas du microphone directif. Si vous dirigez un microphone directif vers la source sonore (voir Directivité), il capte de préférence le son direct. Le rapport entre le son direct et le son réfléchi est fonction de lefficacité directionnelle du microphone. Il en est de même de lélargissement du rayon du son direct qui se produit simultanément. Voici une formule approximative qui vous aidera dans la pratique quotidienne: un microphone à directivité cardioïde, élargit le rayon du son direct de 1,5 fois (facteur 1,5). Un microphone à directivité super-cardioïde, possède déjà un facteur délargissement de 2. Pour les microphones à directivité en forme de lobe, il faut même compter avec un facteur de 2,5 en ce qui concerne les hautes fréquences qui nous intéressent particulièrement pour la prise de son. |
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Pour
ces quatre microphones, vous constaterez quil faut compter, aux distances
source sonore/ microphone de la figure ci-dessus, avec un rapport presque
identique entre son direct et son réfléchi. Nous pouvons varier
à discrétion le rapport son direct/son réfléchi.
Pour un local à conditions acoustiques déterminées
, ce rapport est fonction de la distance source sonore/microphone et de
la directivité du microphone.
Si lon ne souhaite pas des effets acoustiques spéciaux, lenregistrement de la parole se réalise toujours dans le champ proche. A une distance voix/micro de 10 à 20 cm, vous obtenez une prise de son très directe et «intime». Mais les microphones directifs provoquent, en général, une accentuation considérable des basses à ces distances. Si vous ne souhaitez pas cette accentuation, il faut prendre un microphone omnidirectionnel ou un microphone directif pourvu dune commande de basses. Dautre part, en augmentant la distance source sonore/micro, vous obtenez un enregistrement de nature «spatiale», dont les effets acoustiques spéciaux peuvent être parfaitement souhaitables. En tenant compte de lacoustique du local, vous pouvez déjà obtenir une graduation remarquable en profondeur en technique monophonique. Distance instruments de musique/microphone
En principe, ce que nous venons de dire pour la voix est également valable
pour lenregistrement dun instrument de musique. A courtes distances
instrument/microphone, nous obtenons une tonalité directe et bien définie.
En séloignant de linstrument, le microphone capte, progressivement,
une partie de la réverbération. En principe, pour lenregistrement
dun instrument de musique, on souhaite une définition maximum de
limage sonore. Mais il est nécessaire de tenir compte de léquilibre,
la «balance» entre la définition nette de limage sonore
et la composante du son réfléchi. Si le microphone se trouve trop
près de la source sonore, on obtient souvent une image sonore sans timbre
naturel.
En utilisant les microphones directifs, il faut absolument tenir compte de laccentuation
des basses fréquences dans le champ proche de linstrument. Sur la prise de son monophonique dun ensemble dinstruments, nous supposons lutilisation dun seul microphone. Nous allons examiner trois critères essentiels de la prise de son. Ces critères sont évidemment également valables pour lenregistrement stéréophonique. Balance correcte entre les différents instruments et les solistes.
Il sagit de disposer lensemble musical à enregistrer de façon
optimale dans un local ne possédant pas, le plus souvent, de propriétés
acoustiques idéales. Nous devons essayer darriver, par des essais
répétés, à un équilibre sonore entre les instruments
et les solistes. Il est évident que la répartition générale
doit être fonction de limportance relative et de lintensité
sonore des instruments. Par exemple, on placera un instrument à grand volume
sonore plus loin du microphone. Mais loreille expérimentée
et les indications de la partition restent un critère décisif. La
définition sonore de toutes les voix importantes doit être nette.
En dehors des intentions délibérées, aucun instrument individuel
ne doit dominer limage sonore. Cet aspect est particulièrement important
en ce qui concerne les instruments daccompagnements. La balance correcte entre son direct et son réfléchi Léquilibre de limage sonore est largement fonction des propriétés acoustiques du local denregistrement et des microphones utilisés. En plaçant le microphone en différents points du local, on peut trouver lemplacement correct de celui-ci. Dune part, il sagit de maintenir la balance des différents instruments entre eux, et, dautre part, de trouver la balance optimale entre le son direct et le son réfléchi. En restant trop près des instruments, on obtient souvent une image agressive et sans timbre naturel. En plaçant le microphone trop loin, la définition et léquilibre sonores se trouvent détériorés. Dans le pire des cas, on obtient ainsi une image sonore délavée, mal définie et pleine des bruits de réverbération. Définition sonore optimale de chaque instrument La définition musicale dun son, appelée également sa «présence», signifie sa structure acoustique nette et intégrale. Le spectre sonore dun instrument de musique se compose de sons fondamentaux et de sons harmoniques. Les sons harmoniques sont déterminants pour la tonalité ou le timbre dun instrument. La suppression ou latténuation de ces sons harmoniques rendent souvent impossible la définition nette et intégrale du timbre dun instrument. La grande majorité des instruments et des voix se trouve dans la gamme de 1.000 à 4.000 Hz. Pour cette raison, on appelle cette gamme souvent «instrumentale», «musicale» ou encore «gamme de présence». Pour cette gamme, lingénieur du son dispose de pupitres de mélange (console son), pourvus de réglages de tonalités et de filtres spéciaux. Ces équipements professionnels sont une aide précieuse de la technique de lenregistrement dans les studios. Lespace et la direction - lenregistrement stéréophonique On ne peut pas regarder lenregistrement dune oeuvre musicale comme un processus purement abstrait, relevant du domaine de la physique. Les structures sonores et musicales sont des valeurs fonction de lespace et de mutations temporelles. Pour une restitution réaliste, la hauteur, lintensité et la structuration dune tonalité nécessitent la composante spatiale. A laudition, cest lespace qui crée une impression naturelle et réaliste. Louïe humaine possède la faculté de percevoir les structures spatiales des images sonores. Ce nest pas uniquement la faculté directionnelle de notre système auditif qui détermine la perception spatiale du son. Loreille humaine reçoit également des informations essentielles (surtout en ce qui concerne les dimensions des graves) par les rapports dintensité et les différences temporelles entre le son direct et le son réfléchi. Ces messages acoustiques sont efficacement soutenus par des informations sur la structure spatiale, également perçues par loreille.
En conséquence, il est assez logique de penser à deux microphones
pour la reproduction dun phénomène sonore. Ces deux microphones
peuvent nous fournir les informations acoustiques sur lespace et sur la
direction nous manquant avec un seul capteur. Cest la technique stéréophonique,
cest-à-dire la reconstitution de la répartition spatiale des
sources sonores. La technique stéréophonique représente,
en effet, un grand progrès de la technique de la prise de son. |